Amour plus que parfait
Comme tous les 2èmes jeudis de chaque mois, nous allons parler d’amour. Nous allons discourir sur l’amour. Nous allons déblatérer sur l’amour. Nous allons refaire l’amour dans toutes les expressions imaginables.
Cet Hôpital FaCeBooKien nouvellement créé est loin d’avoir atteint sa vitesse de croisière. Mais il fonctionne déjà à plein régime pour le bonheur de ceux qui en franchissent le seuil.
Revenons à l’Amour et nous le voulons plus que parfait. Le Dr Ealor Jaitoucompri me confiait justement que tout en ayant tout compris sur les affections amoureuses et sa cohorte de misères physiques et morales, elle demeure toujours aussi étonnée par le nombre de récidives.
L’affection amoureuse est une maladie chronique, incroyablement offensive et dont le premier effet est l’amnésie qui se manifeste après chaque crise.
Imaginons aujourd’hui un dialogue inédit entre l’Amour et le Plus que Parfait que nous recherchons tous souvent sans oser nous l’avouer.
L’AMOUR : Aaaaaahhh! Comme je suis malheureuse!!!
PLUS QUE PARFAIT : Mais pourquoi te prends-tu pour une fille ?
L’AMOUR : Et pourquoi tu t’assignes d’office le rôle du mâle macho, misogyne, phallocrate?
PLUS QUE PARFAIT : Mais! Je n’ai jamais dit que je suis un mâle macho, moi!
L’AMOUR : Pourquoi alors toutes les femmes courent-elles après toi? Elles me veulent seulement si tu m’accompagnes! Aaaaahhh! Je suis vraiment malheureux!!!!
PLUS QUE PARFAIT : Diantre! Et te voilà qui te prends à présent pour un homme!
L’AMOUR : Mais zut à la fin ! Ce sont les femmes qui sont prise de tête à ne pas savoir ce qu’elles veulent! Elles nous désirent seulement si tu es à nos côtés. Marre à la fin d’avoir toujours à les faire rêver de choses parfaites!
PLUS QUE PARFAIT : Mais je ne demande rien moi!
L’AMOUR : Oui! Tu es plus que parfait! Laisse-moi me lamenter en paix!
LE CHAGRIN : C’est bientôt fini vos histoires sans fin? Je vous signale que c’est toujours moi qui trinque chaque fois que l’Amour ici faiblit et que toi le Plus que Parfait tu refuses de lui prêter main forte!
COLÈRE : Silence vous trois! Autrement je pique une crise de nerfs !!!
LARMES : STOP! J’en ai assez de laver vos saletés à chaque fois!
LE CŒUR : C’est bientôt fini ce boucan? Amour pourquoi refuses-tu d’être plus que parfait? Plus que Parfait pourquoi refuses-tu d’accompagner l’Amour dans ses aventures?
PLUS QUE PARFAIT : Vous m’avez bien regardé, vous autres? Ai-je l’air d’être à la portée de n’importe qui?
L’AMOUR : Aaaaaaaaaaahhh! Si les humains pouvaient me laisser tranquille! Et ce faux docteur de Jaitoucompri qui n’a rien compris du tout!
LE CHAGRIN : (émet un ricanement lugubre) Ouais! Et l’autre là! L’autre faux toubib Ayam Serialover! J’aimerais bien lui flanquer le blues du siècle moi, pour lui apprendre à ne plus se moquer des amoureux!
L’AMOUR : Ce qui m’horripile c’est le fait qu’ils m’appellent tout le temps, ces humains immatures! Je t’aime! Je t’aime! Mais quel est ce mauvais jeu?
COLÈRE : C’est la faute à Mensonge!
MENSONGE : Faites excuse! Mais faites donc excuse! Je Mens certes mais sans Songer à mal! Et puis les femmes adorent m’entendre, c’est que j’ai une belle voix moi!
VÉRITÉ : Euh…
TOUT LE MONDE : Tais-toi donc Vérité! Tu es lugubre et triste! Reste dans ton coin et ne sors que quand nous avons fini ici!
LARMES : C’est la faute à Mensonge, c’est certain! Il ne raconte que des flâneries et après qui doit tout nettoyer?
L’AMOUR : Larmes, tais-toi aussi! Ce n’est pas encore ton tour! Tiens! Voici un couple qui m’appelle!
PLUS QUE PARFAIT : Je vous préviens! Je refuse de te suivre Amour!
MENSONGE : Moi je suis partant! Voyons voir! Voyons voir… La fille veut qu’il la fasse rêver. Je m’en vais lui donner un coup de main!
VÉRITÉ : Euuuuhhhh!!!
TOUT LE MONDE : Vérité mais tais-toi donc! N’as-tu pas encore compris que si tu apparais dès le début nous ne pourrons plus jouer?????
VÉRITÉ : Mais c’est mal de jouer avec les sentiments des gens!
SENTIMENTS : Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Qui veut jouer avec moi?
VÉRITÉ : Ils jouent tous avec toi, voyons!
Des échos de voix interrompent cet échange :
PREMIER ÉCHO : Chérie tu sais que je t’aime.
SECONDE ÉCHO : Moi aussi je t’aime mon amour…
VÉRITÉ : Vous avez entendu! Ils mentent tous les deux!
MENSONGE : (Il se frotte les mains l’air très satisfait), moi je trouve cela parfait! N’est-ce pas Plus que Parfait?
PLUS QUE PARFAIT : Je suis las!
L’AMOUR : Je suis las (se)!
LARMES : Et moi alors!!!!!
CHAGRIN : Je me prépare pour le ramassage des gamelles.
PREMIER ÉCHO : Bon ma chérie, je dois y aller. Je dois récupérer ma voiture au garage. Demain je t’emmène faire les courses.
SECONDE ÉCHO : Très bien mon cœur! À demain!
VÉRITÉ : Mais……. Il n’a même pas de voiture !!!
MENSONGE : Et qu’est-ce que ça fait? Elle est heureuse de savoir qu’il a une voiture.
VÉRITÉ : Et que dira-t-il demain?
MENSONGE : Laisse-moi m’occuper de ça! Tais-toi donc! Tu nous fatigues avec ta tristesse et ta misère!
VÉRITÉ : Mais….
TOUT LE MONDE : Tais-toi Vérité! Tu as choisi d’être la dernière à paraître et avec toi ça se termine toujours mal! Alors tais-toi!
Un long hurlement s’élève soudain et distrait les occupants d’une grande pièce toute blanche. Le Dr Ayam Serialover adresse un sourire ironique à sa collègue Ealor Jaitoucompri.
Dr AYAM : Tiens! Notre patient semble s’être réveillé et en fanfare on dirait. Allons donc voir ce qu’il nous rapporte de ce sommeil chaotique!
Dr EALOR : Je vous préviens, cher collègue j’ai déjà établi mon diagnostic. Cet homme souffre de crises d’angoisse aigues suite à ses multiples déceptions amoureuses.
Dr AYAM : Et que préconisez-vous comme traitement?
Dr EALOR : Il faut qu’il accorde du temps à son cœur. Cette frénésie est mauvaise pour sa santé!
DOKTA MOUSS : (bien sûr, qu’elle est là aussi !) Quelle frénésie?
Le Dr Ayam se tourne vers Dokta Mouss sans quitter son sourire il lui répond d’une voix amusée :
Dr AYAM : Celle qui pousse les hommes et les femmes à rechercher l’amour plus que parfait.
DOKTA MOUSS : N’est-ce pas normal de chercher l’amour?
Dr EALOR : Erreur! C’est une erreur que de chercher ce qui n’existe pas!
Eclat de rire du Dr Ayam. Nous voici dans la chambre du patient. Il est allongé sur le lit, les yeux grands ouverts. Dès qu’il nous aperçoit, il se redresse à moitié et nous dit d’une voix courroucée, mais alors courroucée d’un courroux qui ne peut être décrit :
LE PATIENT : Plus jamais je ne tomberai amoureux! Jamais! Jamais! Vous m’entendez?
Dr AYAM : Nous vous entendons… (il se penche pour lire le nom du patient sur sa plaque…) monsieur Jemesoigne.
LE PATIENT : Oui, docteur! Je les ai entendus! Et ils se moquent de nous! Ils se rient de nous! L’amour, le mensonge, la vérité… Et ils parlent même comme nous!
Dr EALOR : Calmez-vous, monsieur Jemesoigne. Ce ne sont que des cauchemars. Nous allons y remédier…
LE PATIENT : Remédier à quoi? Ils m’ont tout dit! Les femmes sont des menteuses qui passent leur temps à nous raconter des histoires…
Dr EALOR : Vous êtes simplement déçu pour le moment. Demain vous…
LE PATIENT : Ah ça non! Plus jamais! Je vais aimer l’amour et puis c’est tout!
Dr AYAM : Mais l’amour est bien représenté par une femme?
LE PATIENT : Quelle femme?
Dr AYAM : Celle de vos rêves, bien sûr.
LE PATIENT : Je ne veux plus rêver d’une femme parfaite moi! Je veux l’amour et puis c’est tout!
DOKTA MOUSS : L’amour sans femme? Avec un homme peut-être?
LE PATIENT : Je ne suis pas olé olé moi! C’est une plaisanterie?
Dr AYAM : Non. Mais l’amour est bien représenté soit par un homme soit par une femme, n’est-ce pas monsieur Jemesoigne?
LE PATIENT : C’est vous qui le dites, docteur. Moi je vais aimer l’amour parfait et puis c’est tout!
Dr EALOR : Et c’est le mot de la fin? Aimer l’amour tout simplement?
DOKTA MOUSS : Apparemment c’est cela l’amour plus que parfait. Aimer l’amour en dehors d’un homme et d’une femme. En voilà une idée séduisante!
Dr AYAM : (fronce les sourcils. Il trouve l’idée positivement malsaine pour ne pas dire saugre et nue en même temps.) A quoi sert un amour qui n’a pas de sujet mâle ou femelle?
DOKTA MOUSS : Mais qu’est-ce donc que l’amour en fin de compte?
Dr EALOR : Un mélange de souffrance et de bonheur éphémères qui nous donne l’impression que nous sommes vivants.
LE PATIENT : Docteurs! C’est moi le malade ici! Occupez-vous donc de moi et dites-moi si je peux aimer l’amour sans homme ni femme et puis c’est tout!
Rideau Nkunga! L’Amour a encore eu mot de la fin!