Kandia
Jamais prénom maninka (malinké) ne fut aussi bien porté ni aussi bien donné en cette année 1933 lorsque naît Sory à Manta.
Situons Manta en Moyenne Guinée, dans le Fouta Djalon, un petit village localisé dans la préfecture de Dalaba à environ 400 kilomètres de Conakry.
Sory « KANDIA » n’a pas deux ans lorsque sa mère meurt. Nous retrouvons le vibrant hommage qu’il rend à celle-ci dans N’na (Ma mère en maninkakan)
Le Bala du Roi Sumaoro Kanté
C’est au cours d’une promenade que le roi du royaume de Soso (Sosso), Sumaoro Kanté entra en contact avec un génie qui lui montra un instrument fantastique. De retour chez lui, le roi reproduisit l’instrument. C’est ainsi que naquit le soso bala, l’ancêtre du balafon.
Sumaoro Kanté était un monarque inflexible et recourait très souvent aux châtiments extrêmes. Fort jaloux de son bala, il ne permettait à nul autre d’y jouer à part lui-même.
Et si par malheur un audacieux s’y risquait, il était aussitôt mis à mort. Le Soso bala resta donc longtemps avec pour unique joueur, Sumaoro Kanté.
Il le resta jusqu’au jour où allait débarquer dans la Cour du roi de soso, Diakuma Dua (Diakouma Doua), griot attitré de Sundiata Keita délégué auprès du roi Sumaoro par Dankaran. Toumani, le demi-frère de Sundiata, qui avait usurpé du trône du royaume du Manden précédemment gouverné par Naré Famaghan Konaté leur père.
Diakuma Dua et le Soso Bala
Une autre version raconte que c’est Sundiata Keita (futur empereur de l’empire du Manden), qui délégua auprès du roi Sumaoro Kanté, son griot attitré Diakuma Dua comme messager. Toujours est-il que ce griot se retrouva dans la Cour du roi Sumaoro.
C’est durant son séjour que Diakuma allait, un jour, s’introduire subrepticement dans les appartements privés de Sumaoro Kanté qui participait à une partie de chasse.
Ayant découvert le fameux soso bala conservé jalousement par son propriétaire, Diakuma ne résista pas au désir d’y égrener quelques notes.
Celles-ci parvinrent aussitôt au roi qui revenait de sa chasse. Ce dernier accourut, furieux et prêt à châtier l’impudent musicien.
Mais bien avant d’arriver à ses appartements, les notes jouées par Diakuma étaient si mélodieuses que le roi impressionné dut réviser son opinion sur le coupable.
BALA FA SÉKÉ
Diakuma Dua avait donc découvert le bala du roi Sumaoro Kanté. Le griot de Sundiata en tira des sons si extraordinaires qu’il réussit à se faire pardonner ce crime de lèse-majesté par le roi Soussou à condition qu’il chantât les louanges de ce dernier.
Il lui aurait dit : « Bala Fo Séké! » (Toi tu sais jouer du Bala!) Et il aurait ajouté : « Ko Yan Té », ce qui signifie « nous avons désormais un secret ». Le griot séquestré par son hôte royal aurait donc ajouté à son patronyme de Bala Fa Séké celui de Ko Yan Té, qui deviendra avec l’évolution de la langue maninka KOUYATÉ.
De l’Initiation à l’Art millénaire de Jéli : le Jéliya
Jéli Mady Kouyaté, père de Kandia prend en main l’initiation de son fils à cet Art séculaire qu’est la science du Jéli.
Et que dit le Griot manden tout au long de sa vie ?
L’authentique griot est un véritable historien. Il est la Mémoire vivante des faits passés de son peuple. Il est celui que les rois Guerriers, les généraux, ces valeureux « Donso » préservent de la fureur des batailles.
Il a le devoir de restituer les hauts faits des conquérants Mandenka. Et il le fait avec brio ! De sa Mémoire, a toujours dépendu la survie de l’Histoire des Hommes du Manden.
Mady Jéli enseigne tout ceci à Sory Kandia.
Il le lui enseigne au son d’instruments traditionnels aussi vieux que l’histoire elle-même. Alors… alors, Musique et Tradition Orale s’interpénètrent dans cet enseignement unique.
Jéli Mady Kouyaté a de qui tenir ! N’est-il pas un descendant «direct» du fameux Jéli Bala Fa Sékè ? Maître Orateur et joueur émérite du Koni (Ngoni), Jéli Mady offre ce même instrument à Kandia.
KO YAN TÉ
KO YAN TÉ : « nous avons un secret », telle est, comme nous l’avons vu, l’origine du nom des Griots KOUYATÉ.
Ô Toi voyageur qui t’aventures sur le territoire Manden sache ceci : il y a des choses qui ne peuvent être dites ou chantées que par des hommes initiés.
Sache que pour conter l’épopée Manden, celle des grandes conquêtes, celle des rois et de leurs hauts faits, il faut réussir son parcours initiatique. Nul ne sait de quand date l’initiation du Griot. Mais on dit qu’elle est aussi vieille que l’empire du Manden.
De l’enfance à l’adolescence
L’enfance de Kandia est digne du descendant de Maître Bala Faséké. Son père Mady lui enseigne tout ce qu’il sait sur l’Histoire du Manden. Et on dit qu’à 7 ans, Kandia maîtrisait l’illustre généalogie des Grands du Manden. On dit qu’à 6 ans, il jouait du Koni comme un maître. On dit aussi qu’il possédait un instrument vocal terriblement puissant pour un enfant.
Il n’est donc pas étonnant que le jeune Kandia ait commencé sa mission de griot très tôt. On le retrouve bien installé dans la cour royale de Mamou en territoire peul. Il rayonne tant et si bien dans l’art de narrer et de chanter la Mémoire historique du Grand Manden qu’à 19 ans il est déjà un artiste complet.
KANDIA ou l’histoire d’une renommée précoce
Bien avant ses 18 ans, Kandia a la réputation d’un artiste prodige.
Ce succès précoce et ce talent hors norme auraient pu rendre ce jeune homme d’un orgueil sans nom… pourtant il demeure d’une humilité et d’une discrétion exemplaires.
Et partout où il passe, il séduit et enchante son auditoire.
Invité à Conakry par un ami, il ne tarde pas à sympathiser avec les militants du RDA (Rassemblement Démocratique Africain), mouvement d’émancipation créé en 1948 et qui regroupe alors nos illustres combattants comme Um Nyobé et Sékou Touré, pour ne citer que ceux-ci.
En 1951, il rencontre Sékou Touré à Labé alors qu’il chante dans la Cour de l’Almamy de ce petit royaume peul.
Le futur président ne tarde pas à comprendre qu’il est en face d’un griot d’exception. Il l’invite personnellement à Conakry, la capitale.
Sory Kandia Kouyaté est en marche vers son destin illustre.
KANDIA, une voix d’or qui défie les défaillances de la technologie
C’est à Conakry que Kandia offre à l’Histoire de son pays sa première anecdote, lors d’un concert au cours duquel la technologie défaillante le prive de son micro.
Qu’à cela ne tienne !
Sory Kandia sans se démonter et avec un naturel à toute épreuve dépose le micro et entame un « a capela » qui sidère l’auditoire.
Sa voix jaillit tel un torrent déchaîné et submerge les spectateurs.
Elle est si puissante que nul ne peut y échapper. C’est un coup de maître inédit. Un véritable coup de maître qui donne ses lettres de noblesse à Sory Kandia Kouyaté.
C’est aussi le début d’une longue carrière qui le conduira aux quatre coins de la Planète.
Sory Kandia Kouyaté le Superbe !
Toi qui erres dans l’immense savane soudanaise du Sahel des Mandenka, témoigne de la beauté de ces hommes et de ces femmes!
On a dit que la Guinée Conakry est le berceau de la beauté incarnée… Voici un spécimen Maninka nommé Sory Kandia Kouyaté !
Par tous les Jéli du Manden ! Kandia aura tout reçu pour rayonner comme une étoile aussi puissante que fulgurante !
Il est doué. Il est beau et seul un cœur de femme peut rendre hommage à cette noblesse masculine.
Voyageur, regarde et dis-moi : La Guinée Conakry mérite-t-elle sa renommée de pépinière de beautés fines, mâles et femelles ?
Une carrière tournée vers le Monde (1956-1969)
Sory Kandia Kouyaté après avoir participé activement à l’élaboration de plusieurs corps musicaux sous l’impulsion du futur président guinéen, Sékou Touré ( tels que les Ballets africains de Keita Fodéba), gagne la France où il enregistre son premier 45 tour avec les titres comme Nina, Tubaka, Malisadio et autres…
C’est le début d’une carrière musicale à travers le monde qu’il parcoure d’Est en Ouest, du Nord au Sud, il se produit dans pas moins de 45 pays dont la Chine, les États-Unis, l’U.R.S.S, la Grande-Bretagne, etc.
Il est aussi présent sur son continent qu’il sillonne sans faiblir, raflant au passage des distinctions sans pour autant « perdre la tête » .
Cette période prend brusquement fin, non pas comme on aurait pu le croire en 1958 avec l’indépendance de la Guinée, mais en 1970 lors de l’agression de la Guinée par des mercenaires portugais.
1970 et le retour aux grandes épopées du Manden
22 Novembre 1970… La Guinée Conakry Terre d’Asile est assaillie par les bras armés de la France et du Portugal…
Après ces tristes évènements, Sory Kandia Kouyaté incarne définitivement la Voix de le Révolution.
La Guinée de Sékou Touré, le lion du Manden, chancelle sans tomber face aux attaques incessantes de la France sous couvert de mercenaires pilotés depuis les pays voisins suppôts de l’impérialisme occidental.
Sory Kandia Kouyaté comme son président Sékou Touré revient aux valeurs traditionnelles. Plus aucun compromis n’est envisagé avec les compositions « occidentales ».
Il invite au banquet Kora et Balafon, Koni et dundun et ressuscite Mythes et Légendes, Histoires et Hauts faits du Grand Manden !
Quasiment jamais, Kandia Kouyaté ne fera l’éloge d’une personnalité de son temps, hormis quelques hommages au grand Manju (Mandjou) Sékou Touré, hommages liés à sa parenté avec l’Almamy Samory Touré, résistant contre l’invasion française au 19ème siècle.
SIDIKI DIABATÉ ET MADY CISSOKO Deux Koristes au talent inestimable
Dès 1970, Sory Kandia Kouyaté revient au cœur de l’authentique tradition des Jéli, grands orateurs des faits d’armes et autres histoires des Rois et Généraux du Manden.
Il se rapproche des grands Jéli qui possèdent l’art de la Kora et du Bala, en Gambie mais aussi au Mali.
Des maîtres tels que les koristes maliens, originaires de la Gambie, (Sidiki Diabaté père de Toumani Diabaté et Jély Madi Cissoko père de Ballaké Cissoko.)
Les Jéli Diabaté et Cissoko sont considérés comme les plus grands joueurs de Kora dans la pure tradition de l’épopée mandenka du 20ème siècle.
KANDIA et les Grandes épopées du Manden
Finie l’époque des « productions » avec les grands orchestres tels que Kélétigui et ses Tambourinis.
C’est entouré des plus grands griots maîtres korafola (joueur de Kora), et balafola (joueur de balafon) que Kandia pénètre de plein pied dans l’Histoire du Grand Manden.
Il va la parcourir avec un art consommé pour offrir à l’Afrique de l’Ouest ses plus belles compositions traditionnelles.
Et on peut dire que c’est cette période aussi courte qu’intense qui va de 1970 à 1977, année de son décès, qui consacre Sory Kandia Kouyaté comme un artiste talentueux jusqu’à lors inégalé dans le Chant et le Récit de la Tradition du Grand Manden.
Il revisite inlassablement les grandes fresques et remet au goût du jour, histoires et légendes du Manden.
Kora et Bala accompagnent sa voix tout en lui donnant la réplique. L’apothéose est atteinte avec les chants de guerre de Kémé Bouréma et de Kedo.
La légende de Kémé Bouréma
Sory Kandia Kouyaté dépasse et de très loin son rôle de chanteur et de narrateur.
Il navigue avec un brio inimitable entre légende et faits historiques quand il nous donne sa « version » des événements qui ont marqué l’empire du Manden.
En tant qu’historienne je demeure admirative devant cet Orateur qui joue avec la mémoire historique lorsqu’il rapporte la mission « suicide » du général et frère d’armes de l’Almamy Samory Touré, Kémé Bouréma.
Plus qu’un héros, Kémé Bouréma incarne à jamais l’importance accordée au Lanbé (lignage) dans la tradition mandenka.
Kedo, Duga, Janjon, Mansané Cissé …
Sory Kandia Kouyaté dans ses nouvelles « compositions » n’a plus qu’un souci : celui de transmettre l’Histoire du Grand Manden à travers ses chants « populaires », ses histoires mille et une fois restituées.
Il est la Voix qui guide et entretient la fierté séculaire du Mandeka à travers les âges.
Bref ! Kandia restitue comme le Jéli millénaire les Faits des Hommes en les magnifiant, en leur donnant une dimension mélodramatique, parfois insoutenable comme dans Kémé Bouréma ou Janjon (Djandjon).
Il ne chante ni pour l’or, ni pour la femme.
Mais il montre les méfaits de la convoitise dans Mansané Cissé.
Il ne chante pas pour plaire.
Il ne chante nullement pour être aimé. Il célèbre la mémoire des rois du Manden et de leurs batailles comme dans Kedo.
KANDIA, une voix inimitable.
Des voix de Jéli comme celle de Kandia, l’histoire du Manden en a certes connues, mais celle-ci nous est proche.
Sory Kandia Kouyaté a 37 ans, lorsqu’il revient à la tradition mais sa voix n’a pas cet âge-là.
Pour celui qui a l’oreille « ouverte » au Chant du Griot, la voix de Sory est celle d’un Homme millénaire à l’image de l’empire qu’il célèbre.
Elle n’est pas jeune. Elle n’est pas « vieille ». Elle est, tout simplement.
Elle ne chante pas. Elle pose des mots magiques sur des notes discrètes d’une Kora et d’un balafon tout aussi magiques.
Non, nul ne peut « comprendre » ce CHANT venu des millénaires passés s’il ne dépose pas à l’entrée des cours royales son oreille moderne.
Alors… moi qui ne comprenais mot de cette langue d’empire qu’est le maninkakan, j’ai dû me rapprocher de celui qui élevé dans la tradition du Manden pouvait me prendre par la main et me dire l’Histoire des Rois.
KANDIA, un homme engagé, chantre de la paix et de l’Unité africaine.
L’Histoire a aussi retenu le rôle de Sory Kandia au service d’une grande Cause: la paix dans le Manden et l’Unité de l’Afrique dans la région Ouest. Discret mais présent, il fait partie de ceux qui dans les années 1960, travaillent à la «paix » entre la dissidence « peule » et le pouvoir « malinké » de Sékou Touré.
KANDIA et le conflit entre le Mali et le Burkina-Faso en 1975.
L’auteur Siriman Kouyaté raconte dans son ouvrage Le cousinage à plaisanteries, notre héritage commun, comment Kandia s’est servi de la pratique du cousinage comme « outil d’apaisement » : Sory Kandia Kouyaté sut en faire bon usage en 1975, entre les présidents Sangoulé Lamizana de Haute Volta « Burkina Faso » et Moussa Traoré du Mali dont les deux pays étaient en guerre.
El Hadj Sory Kandia fut l’un des artisans, et pas des moindres, de la réconciliation. Grâce à sa voix et à sa connaissance de l’histoire africaine, il sut, dans une version extraordinaire de la geste (1) des braves « Janjon », inviter les deux chefs à dépasser les querelles intestines et à voir en grand l’avenir d’un continent uni et fort.
Kandia n’hésita pas un seul instant, devant Sékou Touré et de nombreux invités, à exhorter les deux présidents à s’embrasser, après avoir narré avec une inoubliable éloquence, la force des liens historiques entre les deux hommes et les deux pays, en minimisant et en ironisant au passage, les contradictions et rivalités présentes »
(1) La Geste au féminin désigne un cycle de poèmes épiques racontant l’histoire d’un ou de plusieurs héros. Et le Manden foisonne de héros.
KANDIA et Sékou TOURÉ deux destins exceptionnels
Ils se comprirent à demi-mot lors de leur rencontre en 1951.
Lui, Sékou Touré arrière-petit-fils par sa mère de l’Almamy Samory Touré et Sory Kandia Kouyaté, le Jéli habilité à chanter les hauts faits des Rois du Manden.
Le temps de la royauté étant révolu, Sékou Touré voulait néanmoins perpétuer l’Histoire Vivante du Grand Manden et jamais Jéli ne fut plus désireux d’accomplir cette mission comme Kandia.
1970 et sa cohorte de trahisons et d’indignités voit la radicalisation de ces deux hommes dans leur façon d’envisager l’avenir de leur pays et du Continent noir.
Là où Sékou Touré œuvre en nationaliste et en patriote, allant jusqu’à offrir le sang des soldats et officiers guinéens pour la cause de leurs frères comme en Angola, en Guinée Bissau, etc. Sory Kandia enflamme le cœur de ces guerriers avec ses interprétations de Janjon, Kémé Bouréma, Sakhodugu et autres…
KANDIA, une étoile qui brille sous terre et la relève est assurée
L’histoire dit de lui qu’il est né comme un prodige et prodigieux , il le fut tout au long de sa vie.
Il vécut intensément de son art sans jamais se départir d’une noblesse et d’une grandeur d’âme dignes du Maninka qu’il fut.
À 44 ans, au retour d’un concert, pris d’un malaise subit, il meurt sur le chemin entre Coyah et Conakry.
L’homme à la beauté quasi parfaite, à la voix d’or et au sourire irrésistible, laisse derrière lui une œuvre musicale d’une valeur inestimable.
Elle est d’autant plus unique que la relève à ce jour n’a jamais pu égaler ses compositions engagées.
De l’avis même de ses héritiers, Sory Kandia Kouyaté a placé la barre si haut qu’il faudra sans doute encore attendre une autre génération de Jéli pour poursuivre son œuvre.
Il naquit en Guinée Conakry. Après avoir « vu le Monde », il regagna son pays natal. Revenu aux sources mêmes de la Tradition, il porta jusqu’aux étoiles les légendes et les Faits historiques de l’Empire du Manden.
Il meurt en Guinée Conakry comme un authentique mandenka qui ne donne rendez-vous à la Mort que sur sa terre natale.
Des sept enfants qu’il a eu de ses deux épouses, trois ou quatre reprendront le flambeau.
Ce dernier brûle certes, mais pour l’heure il n’a pas atteint l’éclat et la magnificence qu’il avait lorsqu’il était tenu par Sory Kandia Kouyaté.
La mémoire de KANDIA demeure
Que ce soit à travers son œuvre qui bénéficie aujourd’hui d’un programme de sauvegarde initié par plusieurs personnes comme le producteur de la Musique traditionnelle du Manden, Ibrahim SYLLA d’origine ivoirienne installé au Sénégal, ou par le biais d’ouvrages, de pièces de théâtres et de monuments comme celui-ci, le souvenir de Sory Kandia Kouyaté demeure vivant et ses interprétations de la Grande Tradition Manden sont une référence pour celui qui est en quête de la grande tradition des Jéli du Manden.
Ce n’est pas pour la beauté de la Kora ou pour la mélodie du balafon qu’on écoute du KANDIA. Oh que NON ! C’est pour ces paroles mille et unes voix dites, et redites et qui ont forgé le caractère impérial de tout un peuple. Le peuple Mandenka.
L'HÉRITAGE DE SORY KANDIA
De Sékouba Kandia à Mariam en passant par Kabiné, Tous ces Kouyaté nés de Sory Kandia ont bien du mal à reprendre le flambeau laissé par leur père.
S’ils ont hérité, hommes comme femmes des traits nobles de leur père, il semble en revanche qu’ils n’aient reçu ni sa voix ni son emphase scénique.
Pris au piège d’une modernité impitoyable où il faut bien « gagner son pain », ils multiplient les genres musicaux bien éloignés du registre si riche et traditionnel de leur père.
Çà et là, dans certaines de leurs compositions, ils rendent hommage à leur illustre géniteur et dans ces chansons, seuls la langue (le maninkakan), ou encore quelques accords de kora et un fond de balafon, rappellent l’œuvre du Grand Sory.
Il reste à espérer que dans les générations suivantes, s’incarnera le souffle de la Voix d’Or du Manden.
Attardons-nous à présent sur un groupe mythique, le Bembaya Jazz National.